Les piles rechargeables, pas si écolos que ça ? (IIème partie)
La question n'est pas : "Les piles rechargeables sont elles plus écolos que les piles jetables ?" parce que là, la réponse est sans hésitation oui.
Le calcul est simple : j'achète une pile rechargeable, je la recharge jusqu'à mille fois, je recycle une pile. Alors que pendant ce temps, pour une même consommation, j'aurais recyclé neuf cent quatre-vingt dix neuf piles jetables de plus.
1000 piles recyclées, c'est la situation idéale. Selon l'ADEME, 70 % des piles finissent dans la nature, dans la décharge, ou alors sont incinérées avec les ordures ménagères. Donc 30 % partent au recyclage.
Mais, seulement 75 % de la pile est valorisable, réexploitable, dans le cas des piles rechargeables, contre 60 % dans le cas des piles jetables.
Ramené à la consommation citée ci-dessus, tandis que 22,5 % (75 % de 30 %) d'une pile rechargeable est réutilisable, seulement 18 % (60 % de 30 %) des 1000 piles jetables l'est. En quelque sorte, 180 piles retournent dans le circuit, et 820 sont perdues, inexploitées.
En plus de cela, la fabrication d'une pile nécessite jusqu'à 50 fois plus d'énergie que celle libérée lors de son utilisation ... Et heureusement, le mercure n'est plus utilisé dans ces piles. Mais ça ne fait qu'atténuer l'impact sur l'environnement.
Des petits gestes sont anti-gaspi. Par exemple, les piles utilisées dans des appareils gourmands (balladeurs, radio, consoles de jeu, lampes, ...), une fois fatiguées, peuvent être encore utilisées, dans des appareils aux besoins moindres (télécommande, réveil, ...).
Pour ce qui est de la question : "Les piles rechargeables, pas si écolos que ça ?" je dirais oui mais avec des nuances du style peut mieux faire.
Déjà, il existe deux catégories de piles rechargeables : les nickel-hydrure métallique (Ni-Mh) et les Nickel-Cadmium (Ni-Cd). Les premières, plus chères, contiennent moins de produits toxiques, et ont d'autres avantages à l'usage.
Par contre les piles rechargables ont aussi un effet pervers.
Tout comme l'isolation d'un logement qui, dans certains cas, induit une augmentation de la surface chauffée et donc de la consommation énergétique. Les lampes fluocompactes consomment moins et durent plus longtemps. C'est alors si facile de mettre alors deux lampes là où il n'y en avait qu'une ... Ce genre d'attitudes est hélas fréquent.
Et c'est en fait plutôt une remarque personnelle qui m'a amené à me poser la question. Depuis que j'ai des piles rechargeables, j'utilise plus de piles que du temps où j'utilisais des jetables. Les jetables n'étaient pas chères à l'achat, mais je les économisais pour ne pas à en acheter sans arrêt. Donc certains appareils, dont une lampe-torche multifonction, ne sortaient pas souvent du placard.
Maintenant, quelques heures de charge, et c'est reparti. La lampe torche sort tous les soirs et le lecteur mp3 fait presque les trois huit. Même si je paie l'électricité, je ne me rends pas compte, sur le moment, des coûts pécuniaires et énergétiques. Ma consommation en équivalent-pile a, en quelque sorte, plutôt augmentée ...
Et encore... j'ai abandonné depuis quelques années le téléphone portable, et je n'ai pas de console de jeu. Mais j'ai un balladeur mp3.
Notre mode de vie devient nomade à courte distance. Tout nos objets du quotidien nous suivent là où l'on va : le téléphone, la console de jeu, le lecteur mp3, l'ordinateur, ... Et généralement, il sont toujours en position de marche. On fait la chasse aux appareils électriques en veille, et on en pense pas forcément à ceux qui se balladent dans nos poches. Pourtant, un téléphone en veille, même s'il n'est pas branché au secteur, consomme également de l'énergie.
On critique les industries qui utilisent le principe de "pollueur-payeur" non pas comme une incitation à moins polluer par souci d'économie, mais comme un droit acquis à polluer. Or le citoyen en fait quasiment autant. Il se voit offrir des moyens d'économiser, et finalement, profite de ce gain pour consommer et gaspiller ailleurs. Civisme écologique commence par soi-même.
C'est après avoir pensé à ce paradoxe des piles rechargeables, que j'ai entendu parler du livre de Jean-Marc Jancovici "Le plein s'il vous plaît" où il écrit que "l’apparition de technologies sobres libère de l'argent que nous
consacrons à l'achat de produits dont nous nous passions jusqu'à
présent. La maitrise de l'énergie c'est donc aussi une affaire de
comportement." ... donc ça va, je suis dans le mouvement.
Et vous, l'êtes vous ?
Liens :
- Les Amis de la Terre : Stop aux Piles !
- Tout sur les piles
- France Info, Planète Environnement.