Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un Blog Bio Mais Pas Trop
23 avril 2006

Ma liberté s'arrête ...

... là où commence celle des entreprises.

Depuis plusieurs semaines, je suis l'affaire qui oppose l'association Kokopelli à la société Graines Baumaux relayée notamment par Raffa ::: Le grand ménage :::. Et l'affaire a lieu pour la raison suivante :

"Aujourd'hui, mis à part quelques petits producteurs et/ou distributeurs disséminés ici et là, il est difficile de se procurer des variétés anciennes, véritable patrimoine de l'humanité. La situation pourrait même se compliquer car l'association Kokopelli, qui propose plus de 1 200 variétés anciennes de légumes, fleurs et céréales issues de l'agriculture bio, est assignée en justice par la société Graines Baumaux qui considère comme déloyale la concurrence de l'association.
Il est vrai que pour être légalement commercialisée, une variété potagère doit être inscrite sur le catalogue officiel des espèces et variétés de légumes, et que les semences anciennes, proposées par l'association Kokopelli, ne figurent pas toutes sur ce catalogue dont les portes sont grandes ouvertes aux variétés hybrides… " (source Univers-Nature).
L'association a remporté une première victoire.

Mais au delà de ça, cette affaire me fait vivement réagir. L'économie à tout prix fait passé l'écologie et l'humain au second plan (voire à l'as).
D'ailleurs le litige entre l'association Kokopelli et Graines Baumaux ressemble étonamment à celui qui oppose un groupe de femmes de ménage à La SARL Transports Schiocchet Excursions. Les employées insatisfaites par l'entreprise qui les transportait vers leur lieu de travail, ont opté pour le covoiturage. Cette entreprise a alors porté plainte pour "concurrence déloyal". Le jugement est prévu pour début 2006.

Est-ce l'essor d'un libéralisme qui ignore les problématiques environnementales ? Bien au contraire. Libéralisme a la même origine étymologique que liberté. Or dans ces deux cas, c'est la fin des libertés. On n'est plus libre de choisir de planter d'anciennes variétés de plantes, on n'est plus libre de choisir son moyen de transport. Et l'extension à l'informatique est facile.

Normalement les entreprises doivent être attentives aux besoins des consommateurs et s'y adapter, et c'est l'inverse qui arrive.

Je n'ai pas fait le difficile quand, en ayant quelques albums en vinyl, j'ai acheté les cassettes audio  puis le compact CD. Je me suis seulement adapté aux nouvelles technologies. Donc pour certains albums j'ai payé 3 fois le même droit d'auteur. Sans trop rechigner j'ai fait l'effort que les entreprises du disque se refusent de faire, c'est-à-dire s'adapter. Au lieu de transférer mes chansons préférées de mes CD vers mon lecteur mp3, l'idéal de l'industrie du disque serait que j'achète ces chansons sur les plateformes de téléchargement légal. Cette façon de faire, qui est contre toute logique (la preuve par Bush),  est rétrograde : du vinyl au CD nous avons gagné en qualité, qualité que nous perdons avec les fichiers des plateformes de téléchargement qui proposent des chansons au format mp3 ou wma avec un débit moyen. Pourtant il existe des formats de compression audio qui conserve la qualité sonore du CD. Mais n'avais-je pas déjà parler d'un refus de s'adapter aux technologies nouvelles ?

Donc quand j'achète un CD de musique, je n'achète pas vraiment de la musique, et peut-être même pas le droit (ou plutôt la liberté) de l'écouter comme je le souhaite.

Un peu de Science-Fiction quant à nos futures libertés :

- vais-je recevoir un de ces jours un e-mail de la part de Rustica ou de l'Ami des Jardins pour concurrence déloyale ? Mais suis-je bête, Renuad Donnedieu de Vabre s'en charge déjà avec son projet de censure des blogs. Les blogs sont pour moi un bon exemple de démocratie participative, mais cette dernière est vantée mais non désirée par les politiques. La preuve nous en est encore donnée.

- vais-je pouvoir zapper tranquillement ? Pas pour longtemps, à moins de payer.

- le glânage sera-t'il toujours gratuit ? Pas sûr. Si je glâne malgré moi des graines d'OGM, et que je viens à les utiliser pour les semer, je devrais payer une redevance au détenteur du brevet relatif à cet OGM (et à tout les coups ça sera Monsanto).

- et les SEL (Systèmes d'Echange Local) qui fonctionnent sur une forme de troc, sont-ils la prochaine cible ? On ne sait jamais, ça fait quand même beaucoup de TVA que l'état n'a pas ...


Je ne suis pas du tout contre la société de consommation, bien au contraire. Mais peut-être faut-il introduire un autre concept, l'alterconsommation ? Ce pourrait être une consommation plus respectueuse de l'environnement, avec des profits de l'ordre du raisonnable, et une prise en considération voire une tolérance vis-à-vis des autres systèmes de consommation (notamment ce qui se basent sur l'échange).
En écrivant ces lignes, je ne pensais pas que le terme d'alterconsommation existait déjà. Mais pris d'un doute, je suis allé voir sur google. Et Ô surprise le terme existe. Sans doute qu'il y a vraiment un besoin caché la-dessous.

Mais tout comme sa consoeur l'altermondialisation, l'alterconsommation pourrait rester longtemps du domaine de l'utopie.

Gratuité et liberté, économie et écologie,tout cela aura au moins eu le  mérite de me faire connaitre l'association Kokopelli.

Publicité
Commentaires
D
... petit à petit.<br /> <br /> en fait je ne suis pas contre mais plutôt pour le libéralisme. Je suis totalement contre le libérialisme qui s'emballe.<br /> <br /> Il faut rappeler que l'économie découle logiquement de l'écologie : la graine est l'investissement, le chiffre d'affaire est la récolte. Et produire trop épuise un sol. Ce qui est vrai pour l'agriculture est apparemment aussi vrai l'économie.<br /> <br /> A lire : "Economie et écologie", Franck-Dominique Vivien, Repères, La découverte, 1994<br /> dont on trouve un extrait ici : http://perso.wanadoo.fr/marxiens/philo/econolog.htm
H
Cher Din-Diu,<br /> Je vois que vous êtes en colère et je partage à 100% votre analyse.<br /> Sous prétexte de libéralisme, nous assistons en réalité à la création de vastes cartels et d'ententes qui forment des oligopoles voire des monopoles au dépens des petits entrepreneurs.<br /> <br /> Au final, j'ai le sentiment que le modèle libéral appauvrit l'esprit d'entreprise et l'on s'achemine à un appauvrissement de la diversité.<br /> <br /> Pire, certaines grosses compagnies se mettent à piller le vivant et à déposséder des populations de leurs propres ressources, de leurs savoir-faire et de leur patrimoine culturel.<br /> <br /> Vous connaissez probablement ce phénomène de "biopiraterie" où des firmes pharmaceutiques ou des semenciers envoient des chasseurs de plantes et de substances animales dans des zones forestières tropicales pour les identifier et ensuite les breveter.<br /> <br /> Vous pouvez, entre autres, lire ou relire l'article suivant "Les "biopirates" de l’Amazonie s’en mettent plein les poches au Brésil" sur http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=690<br /> <br /> Ou tout simplement voir ou revoir ces deux documentaires diffusés sur Arte en novembre dernier intitulés "Les pirates du vivant" par Marie-Monique Robin. C'est tout simplement effrayant.<br /> <br /> En vérité, nous avons intérêt à faire nos propres semences et encore mieux, mettre en place sur Internet un réseau d'échange de semences en "open semences" à l'échelle internationale.<br /> A quand un "Wikiseeds" ?
Publicité