Lord Of War & Syriana, même combat

Avec ce premier billet j'inaugure une nouvelle rubrique : C'est Totalement Hors Sujet. Un coup de gueule, une critique, une réflexion, enfin bref c'est pas du jardinage, mais en tout cas c'est un coup de coeur (ou un coup de sang, ça dépendra).

Voilà deux films qui m'ont beaucoup étonné de par leurs points de vue on-ne-peut-plus critique vis-à-vis du système (pour ne pas dire du gouvernement) américain. Ce qui me surprend encore le plus, c'est que ces critiques proviennent justement des Etats-Unis. Pour être convaincantes, elles ne pouvaient de toute façon venir que de là-bas. Si chacun de ces films avait été produit dans d'autres pays, on les aurait aussitôt taxés de pamphlets revanchards, issus de nations "inférieures", frustrées et/ou envieuses.

Le casting béton (Nicolas Cage et Ian Holm pour Lord Of War, George Clooney et Matt Damon dans Syriana) ajoute en quelque sorte du poids aux arguments développés, en laissant penser que les acteurs se sont impliqués en acceptant le tournage. Cette mobilisation venant de l'intérieur, impossible de les traiter d'anti-américanisme primaire.

Lord Of War suit l'ascension et le déclin d'un homme dans l'univers du traffic d'armes, le tout assaisonné d'un humour très très noir et décapant.

Syriana expose, quant à lui, les histoires d'individus concernés de loin ou de près par le monde du pétrole, avec un réalisme qui fait penser au style quasi documentaire de Traffic de Steven Soderbergh. Puis ces histoires, d'abord parallèles, finissent par converger.

Mais dans les deux cas, on est en présence d'un état qui favorise son éconmie, quite à déstabiliser d'autres nations et freiner leur développement, quite à encourager des guerres (la plupart du temps civiles).

On balance tout le long des deux films entre cynisme, violence et désillusion. Pourtant, le simple fait que de tels films puissent exister, que des gens aient conscience de ce états de fait, est une preuve que (dans le monde réel) la situation n'est pas si désespérée que ça. Par contre, bizarre qu'en France il n'y ait pas de films équivalents question critique de l'état français ...

Lord Of War et Syriana, deux films à voir absolument, au cinéma s'ils sont encore à l'affiche, sinon en DVD.

Comments

[Din-diu]

Syriana est inspiré d'un livre.

Allociné.fr :
"Le point de départ de Syriana est un livre-témoignage de Robert Baer : "See No Evil: The True Story of a Foot Soldier in the CIA's War on Terror" (2002), paru en France sous le titre "La Chute de la CIA : les Mémoires d'un guerrier de l'ombre sur les fronts de l'islamisme". Baer a passé plus de 20 ans à la Central Intelligence Agency (CIA, l'organisme du Renseignement américain). En fonction au Moyen-Orient de 1976 à 1997, il raconte dans son livre son engagement et ses désillusions, en revenant sur les échecs essuyés par les services secrets américains dans la lutte contre le terrorisme. L'auteur expose également son point de vue, très critique, dans CIA, guerres secrètes, un documentaire de William Karel. C'est Baer qui a inspiré le personnage de Bob Barnes, qu'interprète George Clooney dans Syriana. Notons que Baer fait une apparition en forme de clin d'oeil dans le film : il y a incarné un responsable de la sécurité de la CIA..."

[HK]

Je n'ai pas encore vu ni Syriana ni Lord of War. J'envisage de le faire (d'une certaine manière, d'une autre voire encore d'une autre).

Votre parallèle entre les deux films est intéressant et montre une certaine tendance à l'engagement contre la politique des Etats-Unis de toute une catégorie d'acteurs de Hollywood tels Sean Penn, Martin Sheen, Susan Sarandon, Dustin Hoffman, Jessica Lange, Ethan Hawke... Ces acteurs le paient aussi par une sorte de "chasse aux sorcières".

Aujourd'hui, on parle dans la presse d'un possible plagiat du scénario de Syriana. Le scénario original semble avoir été déposé par un scénariste français en 2004. Voir le lien ci-après. Je ne sais pas combien de temps il restera actif.
On va donc beaucoup parler de Syriana. Ce qui ne devrait pas m'empêcher de le regarder un jour.

http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060410.FAP9512.html?0903