Déstockage botanique
La Saint Valentin est une occasion idéale de parler de fleurs. Donc après le déstockage entomologique, j'en viens au déstockage botanique.
Je ne reviendrai pas sur la ficaire, l'ancolie, la carotte sauvage, la brunelle,le silène ou la linaire. Je vais plutôt sortir des limites du jardin pour partir en promenade estivale.
Pour aller vers les prés les plus proches, empruntons ce petit chemin. Bordé de part et d'autres par un talus, on retrouve de vieilles connaissances dont la linaire, de temps en temps des brunelles, et des orties.
On lui donne aussi le nom d'ortie, mais cette vivace n'en est pas une. L'ortie blanche ou lamier blanc (Lamium album) n'est pas du tout urticante, on peut y plonger la main sans rien craindre. Pourquoi y mettre les doigts ? Pour cueillir les fleurs. Enfant, feu mon autre grand-mère m'avait montré cette plante dont les fleurs riches en nectar faisaient office de sucrerie improvisée. L'ortie blanche, sans doute sensible aux pratiques culturales, s'était raréfiée. Aujourd'hui, j'en vois à nouveau, mais avec la circulation de voitures à proximité, j'hésiterais à mettre ses fleurs à la bouche.
Si on trouve souvent les orties, blanches et autres, ensemble, c'est tout simplement parce qu'elles aiment bien les talus riches en azote.
En vue du pré, sur le côté se trouve des sauges des prés (Salvia pratensis). De loin on peut confondre ces tiges dressées de 20-30 cm au bord du pré avec l'épiaire. Mais de près, avec ce style bifide qui dépasse de la fleur, le doute s'évapore. En tout cas ce qui est sûr, c'est que c'est de la sauge. Ce style et les étamines ont une mobilité qui facilite la pollinisation : ils touchent le dos de l'insecte qui entre dans la fleur.
Ses fleurs peuvent être utilisées pour la décoration de plats dont les salades.
Dans le pré, je retrouve des classiques du lieu. La centaurée jacée (Centaurea jacea) est de la même famille que le pissenlit ou la pâquerette, c'est-à-dire celle des composées. Concrétement ça signifie que la fleur de centaurée n'est pas une fleur mais une inflorescence, un groupe de fleurs. Celles-ci ont différentes formes et couleurs. Sur une pâquerette, les fleurs à la périphérie sont blanches et plates, celles du centre sont jaune et en tube. Sur la centaurée, les fleurs sont de grands tubes violets très découpés sur les bords, et des tubes plus courts et blancs au centre.
On pourrait croire qu'elle fait aussi partie de la famille des composées mais c'est en fait une dipsacacée. Cette scabieuse des champs (Knautia arvensis) affichant les mêmes couleurs que la centaurée, n'en est qu'une lointaine cousine. Pourtant, on les trouve souvent partager le même pré.
Apparemment les couleurs se partagent les étages. En hauteur, le violet est représenté par la centaurée et la scabieuse, plus bas le jaune par le lotier et le gaillet.
Le lotier corniculé (Lotus corniculatus) ou pied de poule, a des fleurs dont la forme rappelle celle de fleurs du potager. Et pour cause, le lotier est une légumineuse comme le haricote et le pois.
Pour certains ce lotier est un bon fourrage, pour d'autres ce serait un poison pour les animaux. Ils ont tous raison. Des études scientifiques ont montré qu'en fonction de là où se trouve la plante, sa toxicité serait variable.
Le gaillet vrai ou caille-lait jaune (Galium verum) contiendrait de la présure qui ferait cailler le lait, d'où son nom. Mais les résultats ne serait pas toujours au rendez-vous.
En dehors de ça, il aurait un usage médicinal contre les maux d'estomac, les troubles nerveux et les maladies de peau.
Beaucoup de chose pour une petite plante.
En parcourant ce pré, je me suis souvenu d'un autre. Si celui dont je viens de faire la visite a une pente légère, l'autre pré a une pente qui doit friser les 45°, ce qui lui donne certaines particularité du point de vue botanique. Je crois me souvenir qu'il y a avait des orchidées.
Il faudrait que j'y fasse un tour ... l'été prochain.